Il était très riche. Mais comment il avait fait
fortune, personne ne pouvait le dire. Avait-il
voyagé? C'était probable, car personne ne
possédait mieux que lui la carte du monde.
Mais, depuis de longues années, Phileas Fogg
n'avait pas quitté Londres. Phileas Fogg vivait
seul, et ce jour-là, le 2 octobre, il avait même
renvoyé son domestique. Il attendait son
nouveau domestique qui devait se présenter
entre onze heures et onze heures et demie.
À l'heure dite, un garçon âgé d'une trentaine
d'années se montra et salua.
«Vous êtes français et vous vous nommez John?
lui demanda Phileas Fogg.
–
Jean, répondit le nouveau venu. Jean Passe-
partout. C'est un surnom qui vient de mon
habileté à me tirer d'affaires. Je crois être un
honnête garçon, monsieur, mais, pour être
franc, j'ai fait plusieurs métiers. J'ai été
chanteur ambulant, écuyer dans un cirque,
professeur de gymnastique, sergent de
pompiers à Paris... Voilà cinq ans que je suis
valet de chambre en Angleterre.
–
Bien. Quelle heure avez-vous?
–
Onze heures vingt-deux, répondit Passepar-
tout.
–
Vous retardez de quatre minutes. N'importe.
Il suffit de constater l'écart. Donc, à partir de
ce moment, onze heures vingt-neuf du
matin, ce mercredi 2 octobre 1872, vous êtes
à mon service.»
Un peu plus tard, Passepartout examina la
maison de la cave au grenier. Cette demeure
propre, rangée, sévère, bien organisée pour le
service, lui plut. Elle était éclairée et chauffée au
gaz. Dans sa chambre, une notice indiquait le
programme du service quotidien. Il comprenait,
depuis huit heures du matin, heure
réglementaire à laquelle se levait Phileas Fogg,
jusqu'à onze heures et demie, heure à laquelle