Phileas Fogg était en prison. On l'avait enfermé
dans le poste de douane, et il devait y passer
la nuit. Mrs. Aouda pleurait, me pouvant rien
tenter pour sauver son sauveur. Fix avait arrêté
le gentleman parce que, coupable ou non,
c'était son devoir de l'arrêter. Mais, pour
Passepartout, quelles tortures, quels regrets de
n'avoir pas averti son maitre des confidences de
l'inspecteur! Il pleurait, il faisait peine à voir!
Il voulait se briser la tête!
En tout cas, la situation était terrible. Phileas
Fogg ajouta une ligne a son carnet:
«21 décembre, samedi, Liverpool. 80e
jour,
11h40 du matin.»
Et il attendit.
À deux heures trente-trois minutes, la porte du
poste s'ouvrit, et Mrs. Aouda, Passepartout et Fix
se précipitèrent vers lui.
«Monsieur, balbutia Fix hors d'haleine, monsieur
... pardon... une ressemblance déplorable...
Alors, Phileas Fogg commanda un train
spécial. Mais il y ait des retards forces, et, quand
le gentleman arriva en gare de Londres, neuf
heures moins dix sonnaient à toutes les hor-
loges. Après avoir accompli ce voyage autour
du monde, il arrivait avec un retard ... de cinq
minutes!
Il avait perdu.
Le gentleman reçut avec son impassibilité
habituelle le coup qui le frappait. De retour chez
lui, il garda les volets fermes. Après tant de
dépenses faites, ce pari perdu le ruinait
totalement. À certaines de ses paroles, Mrs.
Aouda comprit qu'il méditait un projet funeste.
On sait à quelles déplorables extrémités se
portent quelquefois ces Anglais monomanes
sous la pression d'une idée fixe. Aussi
Passepartout, sans en avoir l'air, surveillait-il son
maître. Pendant toute la journée du dimanche,
la maison de Savile Row resta comme inhabitée,
et, pour la première fois depuis qu'il demeurait